đđ Phantasia en Danse-ThĂ©rapie
- Mickaël CHALOPIN
- 21 avr.
- 6 min de lecture
DerniĂšre mise Ă jour : il y a 5 jours
âŠâŠ Sommaire âŠâŠ
â 1. L'Erreur de Descartes
â  2. Cognition incarnĂ©e
â Â 3. Phantasia et Association libre
â  4. Phantasia en danse-thĂ©rapie
â Â 5. Explorer la Phantasia
â Â Conclusion
â Â Posts similaires
â Â Commentaires
â  Test de psychomĂ©trie

Quand le Corps et lâEsprit Dansent Ensemble
Loin dâĂȘtre un simple vĂ©hicule de lâesprit, le corps est un espace de mĂ©moire, de sensations et dâimages mentales. De la cognition incarnĂ©e aux dĂ©couvertes des neurosciences, en passant par la psychanalyse et la danse-thĂ©rapie, cet article explore comment notre esprit danse autant que notre corps.
« Je pense, donc je suis »
 disait Descartes... Ou comme le disait Lacan :
"Je suis lĂ oĂč ça ne pense pas"
Mais si lâon disait plutĂŽt
« Je ressens, donc je suis » ?
Oui vous avez bien compris, on ne va pas parler du dessin-animé "Fantasia" de Disney :)
đ Avec des rĂ©fĂ©rences en neurosciences, philosophie et psychanalyse, nous allons plutĂŽt entrevoir comment la danse-thĂ©rapie peut ĂȘtre un accĂšs privilĂ©giĂ© Ă lâinconscient.
đ€Ż I. LâErreur de Descartes : La SĂ©paration Corps-Esprit en Question
Dans LâErreur de Descartes (1995), le neuroscientifique Antonio Damasio critique le dualiste cartĂ©sien qui sĂ©pare le corps (matiĂšre) et lâesprit (pensĂ©e rationnelle). Selon lui :
â Les Ă©motions sont essentielles Ă la prise de dĂ©cision.
â Lâintelligence nâest pas purement rationnelle mais incarnĂ©e.
« L'erreur de Descartes fut de ne pas voir que l'esprit n'est pas une entitĂ© immatĂ©rielle, mais un processus biologique incarnĂ©. » â Antonio Damasio (LâErreur de Descartes, 1995)
đŹ ExpĂ©rience clĂ© : Le patient "Elliot"
AprĂšs une lĂ©sion du cortex prĂ©frontal ventromĂ©dian, Elliot nâa plus accĂšs Ă ses Ă©motions.
Résultat ? Il devient incapable de prendre des décisions.
Conclusion : Les émotions sont un guide essentiel du raisonnement !
đ RĂ©fĂ©rence : Damasio, A. (1995). LâErreur de Descartes. Paris : Odile Jacob.
« Mon corps est Ă la fois voyant et visible. Il n'est pas un objet, mais une entitĂ© vivante qui me donne accĂšs au monde. » â Maurice Merleau-Ponty (PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, 1945)
đ§Ź II. Cognition IncarnĂ©e : Quand lâEsprit Habite le Corps
La cognition incarnée (embodied cognition) affirme que notre intelligence ne se limite pas au cerveau. Elle implique aussi :
Le corps (nos postures et nos mouvements influencent nos pensées).
Lâenvironnement (notre interaction avec le monde façonne notre perception).
Les émotions (elles guident nos choix et influencent notre mémoire).
« La connaissance ne peut ĂȘtre comprise sans tenir compte de lâexpĂ©rience incarnĂ©e. Lâesprit nâest pas un spectateur du monde, il est immergĂ© dans lui. » â Francisco Varela (LâInscription Corporelle de lâEsprit, 1993)
đŹ ExpĂ©riences neuroscientifiques :
Visualiser une action active les mĂȘmes neurones que lâexĂ©cuter rĂ©ellement.
Les postures influencent notre confiance en soi (Amy Cuddy, 2012).
đ RĂ©fĂ©rences :
Berthoz, A. (1997). Le Sens du Mouvement. Paris : Odile Jacob.
Cuddy, A. J. C. (2018). Montrez-leur qui vous ĂȘtes ! Paris : Marabout.

đĄ Penser, câest aussi sentir et agir.
« Penser, c'est simuler des actions, rejouer dans l'esprit des expĂ©riences vĂ©cues dans lâespace. » â Alain Berthoz (Le Sens du Mouvement, 1997)
đ III. Phantasia et Association Libre : LâInconscient en Mouvement
đ Phantasia : Lâimage mentale comme pont entre conscient et inconscient
« Lâinconscient est structurĂ© comme un langage, et ses images, comme les rĂȘves, sont des rĂ©vĂ©lateurs dâun sens cachĂ©. » â Sigmund Freud (LâInterprĂ©tation des rĂȘves, 1900)
Dans la philosophie antique, la Phantasia désigne les images mentales qui émergent spontanément (spons en latin veut dire "de son propre mouvement").
đ En psychanalyse, ces images jouent un rĂŽle similaire :
Freud parle dâassociation libre, oĂč le patient exprime des idĂ©es sans censure.
Cela révÚle des contenus inconscients.
đ RĂ©fĂ©rences :
Freud, S. (1900). LâInterprĂ©tation des rĂȘves. Paris : PUF.
Dolto, F. (1984). LâImage Inconsciente du Corps. Paris : Seuil.
đĄ Comme en psychanalyse avec l'association libre, les images en danse-thĂ©rapie sont des traces de notre histoire intĂ©rieure.
đ IV. Phantasia en Danse-ThĂ©rapie : Quand le Mouvement Fait Parler lâInconscient
La Phantasia en Danse-ThĂ©rapie, c'est le corps en mouvement du patient qui se libĂšre des blocages inconscients et permet lâĂ©mergence de nouvelles images.
« Le corps est la premiĂšre frontiĂšre entre soi et le monde. Il est aussi le premier rĂ©ceptacle des expĂ©riences affectives. » â Didier Anzieu (Le Moi-Peau, 1985)
đ Trois types de Phantasias en danse-thĂ©rapie :
1ïžâŁ Phantasias sensorielles â Une couleur, une texture, une chaleur ressentie lors d'un mouvement libre qui rappelle un moment important oubliĂ© de l'histoire de la personne...
2ïžâŁ Phantasias kinesthĂ©siques â Une sensation de lĂ©gĂšretĂ©, de lourdeur, de suspension qui redonne un nouvel Ă©lan, un nouvel espoir...
3ïžâŁ Phantasias symboliques â Lâimage dâun animal, dâun paysage, dâun objet qui fait sens et ressource la personne.
đ RĂ©fĂ©rences :
Bernard, Ă. (2014). Danse et PsychĂ© : Vers une danse-thĂ©rapie analytique. Paris : LâHarmattan.
Schoop, T. (2011). Danse-thĂ©rapie, expression crĂ©atrice et guĂ©rison. Paris : Ăditions du Souffle dâOr.
đĄ Ces Phantasias sont des espaces de dialogue entre le sujet et son inconscient.
đ ïž V. Explorer la Phantasia Ă Travers le Mouvement
« Les images de lâinconscient ne sont pas des illusions ; elles expriment des rĂ©alitĂ©s que seule la danse de lâĂąme peut dĂ©voiler. » â Carl Gustav Jung (LâHomme et ses symboles, 1964)
La Phantasia surgit souvent Ă lâimproviste, Ă©chappant Ă toute intention consciente ou finalitĂ© prĂ©dĂ©finie. Elle ne se force pas, ne se programme pas : elle Ă©merge dans un espace de disponibilitĂ© et de lĂącher-prise.
En psychanalyse, la parole se libĂšre dans lâabsence dâun regard frontal entre lâanalysant et lâanalyste, favorisant ainsi un flot dâassociations spontanĂ©es.
En danse-thĂ©rapie, câest le mouvement â tant physique que psychique âqui se dĂ©ploie dans une Ă©coute organique, oĂč le patient se met en rĂ©sonance avec sa propre sensorialitĂ©, lâespace et lâentre-deux partagĂ© avec le danse-thĂ©rapeute. Câest dans cette relation fluide, oĂč rien nâest figĂ©, que surgissent les images, les sensations et les transformations profondes.
Parfois, pour ne pas dire, systématiquement, c'est le ratage (la perte de contrÎle) qui ouvre une brÚche, la phantasia apparait pour le sujet. Un équilibre qui se perd, un objet qui tombe et qui n'était pas prévu, une craie qui se casse, une série de mouvements totalement spontanés... Une surprise inattendue. Quelque chose qui échappe au sujet et laisse entrevoir un territoire lointain et presqu'inaccessible qui apparaßt et disparaßt aussitÎt.
Il ne s'agit pas seulement de danser... Mais de se mettre en mouvement avec soi... Ătre prĂ©sent Ă soi peu Ă peu, parfois, revenir Ă soi pas-Ă -pas. Laisser les images nous conter une histoire morcelĂ©e, oubliĂ©e.
« Danser, câest faire dialoguer lâinvisible avec le visible, le ressenti avec lâexprimĂ©. » â Ădith Bernard (Danse et PsychĂ©, 2014)
đĄ Conclusion : Quand le Corps et lâEsprit Dansent Ensemble
đ Ă retenir :
â La cognition est incarnĂ©e : Nos pensĂ©es sont influencĂ©es par notre posture, nos gestes et notre rapport Ă lâespace.
â Les Phantasias sont des ponts entre corps et inconscient : Elles Ă©mergent du mouvement et rĂ©vĂšlent des symboliques profondes.
â Danser, câest penser autrement : La danse-thĂ©rapie permet de mettre en lumiĂšre des mĂ©moires enfouies et de les transformer.
"Il sâagira de donner forme, souffle, et corps, Ă ce qui ne gĂ©nĂšre que dĂ©liaison et glaciation. InterprĂ©ter, certes, au sens musical ou théùtral du terme, jouer (et surtout pas « se jouer de »), mais avant tout crĂ©er, des liens, des histoires qui remettent le temps en marche." â Christine Loisel-Buet (La danse Ă l'Ă©coute d'une langue naufragĂ©e, 2004)
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đ Et vous, quelles images apparaissent quand vous dansez ? đđ
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