Histoire de l'Art-Thérapie
L'art-thérapie professionnelle est issue soit d'un cursus universitaire soit, d'un cursus de la formation professionnelle certifiée par l'État via Qualiopi (démarche d’amélioration continue de la qualité) ou RNCP (reconnaissance nationale de la qualification professionnelle et de la qualité de formation).
« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. »
Proverbe africain
3 courants de l'art-thérapie
L'art-thérapie traditionnelle est tournée vers la psychothérapie, c'est un support artistique qui interprète tant l'activité, la production que le discours de la personne. (voir la source de l'article)
L'art-thérapie moderne est tournée vers le scientifique "est l'exploitation du potentiel artistique dans une visée thérapeutique et humanitaire" - Tout savoir sur l'art-thérapie de Richard FORESTIER, édition Favre Pierre-Marcel Eds. p.10
L'art-thérapie contemporaine, tournée vers la psychanalyse "est une méthode qui favorise la créativité sans viser la production d'une œuvre ou d'un objet et exclut toute forme d'interprétation" - Jean-Pierre ROYOL (voir la source de l'article)
L'art-thérapie au fil des siècles
L'histoire de l'art-thérapie remonte à plusieurs siècles, mais le développement de cette discipline en tant que profession distincte est un processus relativement récent. Voici un aperçu de son évolution au fil du temps :
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Antiquité : L'utilisation de l'art à des fins thérapeutiques peut être retracée dans l'histoire ancienne. Les anciennes civilisations, telles que les Égyptiens, les Grecs et les Romains, ont reconnu le pouvoir curatif de l'art. Par exemple, les Grecs utilisaient déjà l'art dans des contextes thérapeutiques dans les temples dédiés à Asclépios, le dieu de la médecine.
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Première moitié du XXe siècle : Les premières traces d'utilisation systématique de l'art à des fins thérapeutiques remontent aux XIXe et XXe siècles. Adrian Hill, un artiste britannique, a été l'un des premiers à promouvoir l'idée de l'art-thérapie après avoir expérimenté la création artistique pour soulager sa propre maladie. Durant la Première Guerre mondiale, des artistes ont travaillé avec des soldats blessés, utilisant l'art comme moyen de guérison et de réhabilitation. En France comme dans le reste de l’Europe, l’intérêt grandit pour la production artistique des patients hospitalisés. Réalisation de pièces de théâtre (Hospice de Charenton) ou expositions de peintures (collection répertoriée par Hanz Prinzhorn).
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L’histoire de la danse-thérapie : Elle rejoint celle de la danse moderne, libérée et expressive, qui prône un nouveau rapport au corps et dont Isadora Duncan fut le plus fort symbole à partir du XXe siècle. Ce courant, lié à l’humanisme, est repris aux Etats-Unis (Marian Chace, Mary Whitehouse) et en Europe (Trudi Shoop) par quelques danseuses qui utilisent la danse comme outil thérapeutique auprès d’handicapés et de malades mentaux. En Allemagne, les recherches du danseur et chorégraphe Rudolph Laban sur la cinétique humaine et l’ergonomie des gestes mettront en évidence ceci : l’expression de la personnalité et les composantes dynamiques du mouvement s’expriment l’un à travers l’autre et réciproquement.
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Années 1940-1950 : Le psychiatre britannique Edward Adamson est considéré comme l'un des pionniers de l'art-thérapie. Pendant les années 1940 et 1950, il a introduit des activités artistiques dans le traitement des patients psychiatriques à l'hôpital Netherne à Surrey, en Angleterre. Adamson a observé que la création artistique permettait aux patients de communiquer et d'exprimer des émotions difficilement accessibles par la parole. Dans la pratique, Rose Gäetner est la première, en 1950, à faire entrer la danse dans les institutions de soins. Elle crée, en collaboration, l’hôpital de Jour Santos Dumont à Paris en 1963 dans laquelle les séances d’expression artistique, dont la danse qu’elle enseigne, sont le pivot de l’action thérapeutique.
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Années 1960 : En Amérique du Nord, Margaret Naumburg et Edith Kramer ont joué un rôle essentiel dans le développement de l'art-thérapie. Naumburg, une psychologue, et Kramer, une artiste, ont contribué à établir la légitimité de l'art-thérapie en tant que discipline à part entière. Le champ a continué à se développer avec l'ouverture de programmes de formation en art-thérapie dans les universités.
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Premières thèses de médecine en danse-thérapie : Depuis, de nombreux hôpitaux ou autres lieux de soins ont ouvert leur porte à la danse-thérapie. Dans les années 1975-1980, des thèses de médecine ont trait à l’action de la danse-thérapie. C’est à cette époque que paraissent les premières publications sur le sujet.
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Travail pionnier de François Tosquelles : Dans les années 1930 et 1940, le psychiatre catalan François Tosquelles a joué un rôle significatif dans l'introduction de l'art comme moyen thérapeutique dans les hôpitaux psychiatriques en France. Il a encouragé l'utilisation de l'art dans le cadre de la psychiatrie institutionnelle, influençant ainsi la pratique de l'art-thérapie.
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Développement dans les hôpitaux psychiatriques : À partir des années 1950, l'art-thérapie s'est développée progressivement dans les hôpitaux psychiatriques en France. Des professionnels de la santé mentale ont commencé à intégrer l'art dans le traitement des troubles psychiatriques, cherchant à améliorer la communication et l'expression émotionnelle des patients.
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L'influence de la psychiatrie institutionnelle : La psychiatrie institutionnelle en France, influencée par des praticiens tels que Jean Oury, a contribué à l'intégration de l'art-thérapie dans les approches thérapeutiques. L'idée était de créer des environnements thérapeutiques qui favorisent l'expression créative et l'autonomie des individus.
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Développement de la formation professionnelle : Dans les années 1980, la reconnaissance de l'art-thérapie en tant que profession a conduit à la création de programmes de formation spécifiques en France. Des écoles et des universités ont commencé à offrir des formations professionnelles en art-thérapie, contribuant à établir des normes éducatives et éthiques.
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Reconnaissance institutionnelle : Au fil des décennies, l'art-thérapie a gagné en reconnaissance institutionnelle en France. Elle est maintenant intégrée dans divers contextes, y compris les établissements de santé mentale, les écoles, les institutions médicales et les programmes de réhabilitation.
Aujourd'hui, l'art-thérapie en France continue d'évoluer avec une base professionnelle établie et des praticiens qualifiés contribuant au développement de la discipline dans des domaines variés. La reconnaissance continue de son efficacité dans le domaine de la santé mentale et du mieux-être contribue à son intégration croissante dans les pratiques thérapeutiques en France mais le titre d'art-thérapeute n'est à ce jour toujours pas reconnu par une législation ferme.